Les justes de France

L'Institut Français de Tel-Aviv organise en ce moment et ce jusqu'au 11 septembre, une exposition en hommage aux Justes de France. J'ai trouvé intéressant d'y consacrer une petite page sur ce blog, tout d'abord pour rendre hommage à ces gens, jeunes et moins jeunes qui ont risqué leur vie pour en sauver d'autres.  J'avais envie aussi de partager ces quelques instants avec vous et de vous montrer quelques photos d'anonymes que personne ne connaît et qui pourtant sont de vrais héros.

J'ai donc sélectionné quelques visages, tranches de vie volées, vie trop courte pour certains. Ils ont redonné de l'espoir et ont pris tous les risques pour arracher leurs pairs des mains de la machine nazi, ils ont souvent payé de leur vie pour en sauver d'autres. Devant ceux que l'on appelle "Les Justes parmi les nations", nous ne pouvons que nous incliner et leur vouer un profond respect et une admiration sans limite.

 

Quiconque sauve une vie, sauve l'univers tout entier"

(Extrait du Talmud, inscription figurant sur la médaille des justes)

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Qu'est ce qu'un Juste ?

L'idée de "Justes des nations" vient du Talmud. Au long des générations il a servi à désigner "toute personne non juive ayant manifesté une relation positive et amicale envers les juifs". (extrait tiré du site Dominique Natanson)

Le mémorial Yad Vashem situé à Jérusalem perpétue l'histoire du peuple juif pendant la seconde guerre mondiale et rend également hommage aux "justes parmi les nations" qui ont risqué leur vie pour sauver des juifs. A ce jour, plus de 20 000 personnes en Europe se sont vus décerner le titre de "Juste".

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En France, le département des Justes a été créé en 1964 et intégré au Comité Français pour Yad Vashem en 1989. En 2000, le 16 juillet devient la journée nationale à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l'état Français et d'hommage aux Justes de France. En 2001, la mairie de Paris a inauguré "l'allée des Justes" dans une rue jouxtant le mémorial de la shoah. En 2006, le mur comprenant le nom de tous les Justes de France honorés par Yad Vashem a été inauguré.

Les critères de reconnaissance d'un Juste : (extrait du site de Dominique Natanson)

Pour être un Juste, il faut :

  • Avoir apporté une aide dans des situations où les juifs étaient impuissants et menacés de mort ou de déportation vers les camps de concentration.
  • Le sauveteur était conscient du fait qu'en apportant cette aide, il risquait sa vie, sa sécurité et sa liberté personnelle (les nazis considéraient l'assistance aux juifs comme un délit majeur).
  • Le sauveteur n'a exigé aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l'aide apportée.
  • Le sauvetage ou l'aide est confirmé par les personnes sauvées ou attesté par des témoins directs et, lorsque c'est possible, par des documents d'archives authentiques.

L'aide apportée aux juifs par des non-juifs a revêtu des formes très diverses ; elles peuvent être regroupées comme suit :

  • Héberger un juif chez soi, ou dans des institutions laïques ou religieuses, à l'abri du monde extérieur et de façon invisible pour le public.
  • Aider un juif à se faire passer pour un non-juif en lui procurant des faux papiers d'identité ou des certificats de baptême (délivrés par le clergé afin d'obtenir des papiers authentiques).
  • Aider les juifs à gagner un lieu sûr ou à traverser une frontière vers un pays plus en sécurité, notamment accompagner des adultes et des enfants dans des périples clandestins dans des territoires occupés et aménager le passage des frontières.
  • Adoption temporaire d'enfants juifs (pour la durée de la guerre).

Toutes les photos qui vont suivre ainsi que les explications ont été prises à l'Institut Français de Tel-Aviv. Cette liste n'est pas exhaustive, il n'y a là qu'une petite partie. Je vous emmène dans l'univers de femmes et d'hommes formidables et exceptionnels.

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Marthe Cambou  (1910 - 1988)
Alice Ferrières (petite photo)
 

Alice Ferrière est professeur de Mathématiques au collège de Murat dans le Cantal, elle est originaire des Cevennes. Dès 1941, révoltée par l'application du statut des juifs, elle écrit au rabin de Clermont-Ferrand et au Comité Israélite de Nimes pour manifester sa sympathie et proposer son aide aux familles juives. En 1943, aidée de Marthe Cambou, enseignante dans le même collège et de Marie Sagnier, directrice de cet établissement, elles trouvent des refuges pour les familles dans les fermes des montagnes et accueillent une quinzaine d'enfants au sein même du pensionnat du collège. Ces familles et enfants sont envoyés par la résistance juive. Alice Ferrière tient un journal de bord pour suivre chacun de ces enfants que Marthe Cambou est chargée de protéger tous les soirs. Aucun enfant ne sera arrêté. Alice Ferrière recevra le titre de "juste des nations" en 1964, Marie Sagnier en 1985 et Marthe Cambou en 2004 .

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Marie SAGNIER - Cete photo date de 1985 et m'a été envoyée par Andrée que je remercie.

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Denise Paulin épouse Aguadich
 

En septembre 1940, Denise Paulin rejoint les soeurs de Notre Dame de Sion, évacuées de Strasbourd vers Grenoble, en qualité d'infirmière et d'assistante sociale. Beaucoup de juifs sont réfugiés à Grenoble et viennent demander aide et assistance aux soeurs du couvent. Très vite se forme à Grenoble un petit groupe autour de l'amitié chrétienne.Sous les ordres de Germaine Ribière et en coopération avec les organisations juives, Denise Paulin constitue une équipe et commence à cacher des enfants juifs, leur procure de faux papiers et parfois les fait passer en Suisse. En 1943, inquiétéé par la police, elle quitte Grenoble pour Paris et rejoint le père Devaux dans la maison de notre dame de Sion, rue Notre Dame des Champs. Elle y retrouve Germaine Ribière et forme une nouvelle équipe chargée de cacherles enfants et de les convoyer. Elle recevra le titre de juste parmi les nations en 1989.

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Germaine Ribière
 

Militante de la jeunesse étudiante chrétienne, elle devient, en 1941, une proche collaboratrice du père Chaillet et participe activement à l'action de l'amitié chrétienne. Elle visite les familles juives, s'occupe de leur ravitaillement et de leur bien être moral, les convoit d'un endroit à un autre. A Toulouse, elle travaille avec le père Braun et est envoyée dans les camps d'internement. Après être entrée dans le camps de Rébécedou en mai 1942, elle se rend dans celui de Nexon où de nombreux juifs de Strasbourg sont réfugiés et témoigne des terribles conditions d'hébergement auprès de Monseigneur Saliège, évèque de Toulouse. Mise au courant de la grande rafle du 26 août 1942, elle réussit à prévenir les organisations juives et les responsables de la communauté de Limoges. Elle cache les enfants sortis du camps de Venissieux. Lorsque les responsables de l'amitié chrétienne sont arrêtés et ne peuvent plus agir au grand jour, elle poursuit l'action toute seule. Elle sera nommée juste parmi les nations en 1967.

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Sébastien Steiger

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Ces quelques photos sont un tout petit morceau d'hommage à ces femmes et hommes qui ont résisté et se sont battus pour une cause juste. Ils sont bien souvent méconnus ou encore oubliés. Il faudrait bien plus qu'un site entier pour leur faire honneur, pour raconter chaque histoire parce que chaque histoire est différente, chacun a combattu à sa façon,  la seule chose qui les réunit c'est d'avoir sauvé des vies juives au péril parfois de la leur. Beaucoup ne sont plus, de leur passage et de leur acte de bravoure, il reste un arbre, planté là bas dans l'allée des Justes du mémorial Yad-Vashem de Jérusalem, un arbre pour chaque personne, un arbre qui ne sera jamais déraciné et qui perpétuera la mémoire de ces héros, parce qu'eux non plus il ne faut pas les oublier.

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Dessin réalisé par les enfants de la maison d'enfants de l'Abric, à Chambon sur Lignon (haute Loire) en 1943