Des amis m'ont proposé de m'emmener découvrir un Monastère, un petit coin de Paradis niché dans la verdure où il n'y a pas de frontière, un havre de paix où toutes les religions se côtoient, un endroit où l'on se sent bien et où on aimerait se poser un peu, -histoire de méditer-, un lieu ou il y a des femmes dynamiques et formidables, des personnes exceptionnelles comme on aimerait en rencontrer plus souvent. Je ne pouvais pas passer à côté de cela....et j'avoue que j'ai été enchantée de cette visite, venez partager avec moi cet instant magique, je vous offre un petit moment de fraternité parmi les moniales du Monastère de Beit Gemal.
Limitrophe de la ville de Beit Shemesh à une trentaine de kilomètres de Jérusalem, c'est une petite route sinueuse bordée d'une oliveraie qui nous y emmène. En haut de la colline, cachée par les arbres, la tour du Monastère se dresse et domine toute la vallée. Les rayons du soleil viennent s'y refléter et donnent aux vieilles pierres un aspect lumineux. Lorsque nous empruntons ce petit chemin qui serpente c'est déjà le calme qui prime, une impression d'apesanteur qui ne nous quittera pas tout au long de la visite.
Dès l'arrivée je suis dans le paradoxe. Je me sens un peu perdue et en même temps j'ai l'impression qu'une douce chaleur m'enveloppe petit à petit comme pour me rassurer, la sensation de calme et de paix est omniprésente, on est ailleurs et je me rends compte que je ne suis pas la seule à éprouver ce sentiment de sérénité.
La visite commence par la partie masculine dirons nous. Nous nous rendons du côté des moines et de l'église Byzantine.
Un moine nous accueille à l'entrée de la chapelle. Il nous explique le déroulement de sa journée, il en va de même pour les moniales. Tous les jours, il demeure dans la solitude. Il étudie, il travaille, il prie, prend ses repas et dort. Dans chaque Monastère c'est le silence qui est maître des lieux. Le moine se lève avant l'aurore pour prier et veille parfois la nuit.
Chaque fois que cela est possible, un monastère de Bethléem de l'assomption de la vierge et de Saint Bruno comporte trois espaces bien distincts :
Le cloître de la maison d'en haut : ce lieu de stricte solitude réservé à la communauté est le coeur du monastère. Là se trouvent les ermitages de solitude où, loin de tout regard, jour après jour, les moines ou les moniales solitaires vivent dans la prière et dans l'adoration. C'est dans son ermitage que le moine ou la moniale assure chaque jour une part du gagne-pain de la communauté.
Le Cenobium ou petit cloître : où se déroule la vie de la communauté, il inclut l'église, le réfectoire, le chapitre et la bibliothèque.
La maison d'en bas : Le cloître constitué de quelques ermitages pour les moines ou les moniales d'une part, et d'autre part, de quelques ermitages pour les hôtes qui désirent prier dans la solitude. Le parvis d'amitié, accessible à tous où sont accueillis les visiteurs de passage et les familles.
Je ne peux malheureusement rien vous raconter sur cette jolie chapelle parce que je n'ai pas écouté ce que racontait le moine. Et oui je sais ce n'est pas bien mais j'ai passé mon temps à photographier parce que je trouvais cet endroit très joli, Je vous mets des photos à la place.....
Les jardins qui entourent le Monastère sont magnifiques, très arborés et fleuris. On aperçoit au loin la ville de beit Shemesh et des paysages verdoyants à perte de vue.
Nous nous rendons maintenant dans la partie réservée aux moniales. Je trouve cet endroit beaucoup plus sympathique et très chaleureux. Les moniales sont plus avenantes et moins timides que les moines, peut-être tout simplement parce que ce sont des femmes. Elles nous accueillent à bras ouverts, nous embrassent, (enfin moi pas mon mari !!! ) nous tutoient. Elles veulent tout de suite savoir d'où l'on vient, ce que l'on fait ici, notre situation familiale, notre religion.
Nous parlons de beaucoup de choses, de la vie en général, un peu du pays et de ce qui s'y passe. Nous parlons aussi de religion. La moniale avec qui nous parlons nous explique qu'elle lit actuellement la Torah et nous sommes agréablement surpris. D'autres moniales se joignent à elle et quel plaisir de discuter ensemble. Il n'y a pas de rivalité de religion, il n'y a pas de religion qui prime, chacun respecte l'autre, chacun s'intéresse à ce que dit l'autre et essaie d'analyser. Nous les informons aussi des nouvelles du monde. Elles sont recluses et ne savent donc pas trop ce qui se passe à l'extérieur. Il y a une réciprocité étonnante dans notre relation. Nous sommes la bouffée de fraîcheur qui apporte des nouvelles de l'extérieur, nous sommes la différence qui entre dans le monastère, le contraire qui ne s'oppose pas mais qui se complète. Ces Moniales nous apportent la sagesse que nous ne trouvons pas dehors, le calme et la sérénité qui ne font pas partie de notre vie habituelle. Nous avons perdu le goût de la simplicité, ici on se la prend en pleine face et finalement qu'est ce que c'est bon !! Elles nous invitent à aller visiter leur jolie bâtisse en nous indiquant qu'il y a, là haut, une surprise pour nous.....
Au bout de ce petit couloir tout en pierre, une pièce d'information avec des photographies et une vidéo qui explique la vie des moniales. On les voit en train de prier, de chanter, de méditer, de travailler. De l'autre côté un escalier nous mène à l'étage. Sur chaque mur il y a de jolies peintures ou gravures.
La voilà notre surprise ! et elle est de taille. En haut, il y a une petite synagogue tout en pierre. Elle est simple et c'est cette simplicité qui en fait sa beauté. Le soleil pénètre par les petites alcôves et les rayons illuminent la pièce. Les ombres qui se faufilent sur le mur donnent un charme un peu inquiétant à l'ensemble et c'est sublime. Cet endroit pourrait sembler froid mais il ne l'est pas du tout. La structure en bois du plafond ainsi que celle posée sur un pan de mur distribuent de la chaleur. Au fond se dresse la ménorah, reine de ce lieu, elle veille sur l'ensemble dont elle est l'emblème. C'est encore le silence qui prédomine ici.
En bas le parvis de l'amitié. C'est une grande pièce sobre et cependant accueillante. On peut s'y poser un instant, s'y reposer, méditer, prier tout simplement. C'est aussi une pièce de rencontre qui peut contenir beaucoup de monde. C'est la pièce de la convivialité, le bois et les couleurs chaudes des fauteuils lui donnent une touche de chaleur si besoin était parce qu' ici la chaleur est dans les coeurs.
On arrive du côté artisanal. Ici c'est le business des moniales. Elles vendent ce qu'elles ont fabriqué afin de faire vivre ce monastère. En tout premier lieu une petite pièce où l'on trouve de bonnes choses à déguster. Des confitures, des truffes, du miel, des liqueurs, tout est fait maison et il y a parfois des mélanges insolites d'agrumes auxquels on ne penserait pas mais qui sont délicieux. C'est le miracle de ce monastère !
J'ai acheté de la liqueur et des truffes. Les truffes fondent dans la bouche, un vrai régal, ni trop chocolatées ni trop grasses, on se laisserait vite tenter par d'autres..... il en va de même pour la liqueur, mais là il serait dangereux de passer outre....pendant que je règle mes achats, quelque chose de superbe va se dérouler devant mes yeux. Une Israélienne arrive avec une amie. Elle vient voir la moniale et lui dit que ça ne va pas bien. La moniale qui ne parle pas très bien l'hébreu me demande si je peux l'aider à la traduction. Mon hébreu n'est pas au top mais je peux me débrouiller. Je me fais donc un plaisir de traduire. L'Israélienne sort un tee-shirt ou dessus on aperçoit la photo de trois soldats israéliens. Il s'agit de Guilad Shalit, otage du Hamas, enfermé quelque part dans une geôle de Gaza et de Goldwasser et Reguev, deux autres soldats kidnappés par le Hezbollah durant la guerre du Liban et enfermés, on le suppose au Liban. J'explique à la moniale qui sont ces trois figures sur le tee-shirt, puisqu'elle ne les connaît pas. L'Israélienne lui demande de prier pour ces trois hommes et elle veut que la moniale la prenne dans ses bras. C'est un beau moment d'émotion et de fraternité. En discutant j'apprends d'ailleurs que beaucoup de juifs viennent ici.
Et finalement le meilleur pour la fin !!! parce que notre visite se termine, qu'il est bientôt 17 h 30 et que le monastère va fermer ses portes. Je vous emmène dans la boutique des poteries.
Je félicite les moniales, c'est magnifique ce qu'elles font et le prix est très abordable. Il y a des poteries dans des tons de bleu différents et d'autres dans les tons verts. On trouve également -mais vous ne le verrez pas sur la photo- des sujets de la religion catholique en bois et toutes sortes d'icônes ainsi que des livres et des CD, quelques bijoux aussi. C'est une vraie boutique même si elle n'en a pas l'air. Nous reprenons d'ailleurs notre conversation avec une autre moniale et c'est toujours aussi enrichissant de discuter avec elle. Chacune a un style différent, chacune est unique et chacune est attachante.
Impossible pour moi de repartir sans une poterie. D'abord parce qu'elles sont belles, que j'adore ça et aussi parce que j'ai envie d'honorer le travail manuel accompli par les moniales. Pour moi les plus belles choses sont celle façonnées avec les mains et le coeur, je crois qu'ici tout est réuni. j'opte donc pour un pot à eau, mais la prochaine fois, -parce qu'il y aura une prochaine fois j'en suis certaine- et bien je choisirai autre chose !!!
Nous quittons le monastère à la fermeture, la nuit est tombée, le décor est encore plus beau, les pierres se murent dans le silence, un léger vent se réveille et fait vibrer les feuilles des arbres. Les lumières s'allument une à une, on aperçoit dans la vallée les phares des voitures. Les moniales retournent à leur vie de solitude et de prière tandis que nous reprenons notre route, dans le bruit et la folie de la vie.
Je remercie Sylvie et Bruno de m'avoir fait découvrir cet endroit, je pense que sans eux je n'y serais jamais allée. C'est une expérience enrichissante et inoubliable. Si vous venez un jour en Israël, je vous conseille d'y aller et peu importe votre religion, c'est une aventure humaine avant tout !!