Ilan Halimi

UNE PENSEE POUR ILAN

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Il avait 23 ans, le 13 février 2006 il est retrouvé agonisant le long d'une voie ferrée dans le département de l'Essone.

Après 24 jours de tortures, d'humiliations, de propos antisémites, battu à mort et brûlé à plus de  80 % sur tout le corps, il est jeté le long de ce chemin de fer par ses ravisseurs. Il décèdera dans l'ambulance qui le mène à l'hôpital.

Je ne reparlerai pas des sévices qu'il a subit, par respect pour Ilan et ses proches mais je crois que tout le monde a été horrifié des conditions dans lesquelles il a été traité.

Mais qu'avait t'il fait pour mériter cela et quel être humain pourrait mériter un tel traitement ?

Ilan était juif tout simplement et cela suffisait à ces salopards pour le brutaliser ainsi. Il a été victime de l'antisémitisme, vieux démon qui décidément refait surface de plus en plus souvent depuis quelques temps......

Ilan envisageait de faire son aliya....

Jeudi 8 février Il est arrivé en Israel, dans un cercueil, pour y être inhumé.

Ce matin, 9 février 2007, il a été enterré au cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem.

Je n'ai pas assisté à l'enterrement, je ne connaissais pas Ilan Halimi  mais aujourd'hui, au moment ou Ilan rejoint la terre d'Israël, j'ai une pensée pour lui et sa famille et pour honorer sa mémoire j'ai décidé de lui consacrer cette toute petite page.

 

Au revoir Ilan et repose en paix sur cette belle terre d'Israel......

Discours de l’ambassadeur de France en Israël, Jean-Michel Casa lors de l’enterrement d’Ilan Halimi à Jérusalem


En ce jour de recueillement et de douleur, c'est à la famille d'Ilan que vont mes pensées ; à vous surtout, Madame Ruth Halimi, sa maman, à vous dont la dignité et le courage nous bouleversent tous très profondément.

La mort d'un enfant est inconcevable ; au-delà du pensable, elle renverse l'ordre du monde, elle est une insulte à la terre et au ciel. La mort d'un enfant est plus intolérable encore quand elle est l'œuvre de tortionnaires barbares, un crime abominable que les mots ne peuvent dire.

 Ilan était un homme, jeune, débordant de vie, d'énergie et de joie. Le visage rayonnant qu'il y a un an, nous avons tous découvert, sur nos écrans de télévision, sur les couvertures des magazines, durant ces insupportables semaines de séquestration, puis avec cette mort, terrible . Ilan est devenu tous les hommes, au nom même de cette obligation entière, unique, profonde, qui est faite à chacun d'entre nous de respecter la vie.

Ilan était aussi un enfant, le vôtre, madame ; mais il est aussi devenu notre enfant, chaque enfant.

 Ilan était un Français, l'un des nôtres ; il est devenu tous les Français ; des Français stupéfaits qu'un tel acte, en deça de l'humain, ait pu être commis, ait même été possible.
 
Ilan était juif, se sentait juif, se pensait juif. La haine qui a servi de terreau à cette violence, à ce déchaînement de haine et d'abjection, à ce crime, fait obligation à la société française toute entière de se remettre en cause, de se mobiliser pour combattre toute résurgence du poison de l'anti-sémitisme, sans la moindre concession. C'est une obligation, et qui vaut pour l'humanité toute entière, à ne jamais baisser la garde, à ne jamais détourner les yeux devant le retour possible du monstre, à ne rien laisser passer.

 Nous avons encore en mémoire l'immense manifestation de soutien du peuple français dans les rues de Paris, ou encore cet office religieux à la grande Synagogue de la rue de la Victoire, où le Président de la République est venu en personne témoigner de sa peine profonde et de son trouble, mais aussi du soutien de l'ensemble de la République française : car  c'est la République aussi qui s'est sentie, avec l'assassinat d'Ilan, agressée, humiliée.

 Madame, la République vous devait la vérité sur la mort de votre fils. Aujourd'hui, tous les tortionnaires et les assassins d'Ilan ont été retrouvés, ont été arrêtés. Ils répondront de leur crime devant la justice, dont nous devons attendre légitimement la plus grande sévérité. Les autorités françaises feront tout pour qu'une telle tragédie n'arrive plus, plus jamais.

 Je voudrais encore partager avec cette mère – qui, aujourd'hui, est la mère de chacun d'entre nous - cette pensée, qui, je crois, vient du Talmud, et qui dit  qu'"après leur mort, les Justes sont appelés vivants". Oui, Ilan est vivant, il restera pour toujours vivant dans nos coeurs. Au moment où il rejoint cette Terre Sainte, à Jérusalem, nous souhaitons avec ferveur que son corps et son âme reposent en paix.