Yitzhak Rabin

LE SOLDAT DE LA PAIX.....

 

Samedi 4 novembre 1995, 200 000 personnes sont massées sur la place des grands rois d'Israël à Tel-Aviv, c'est la première grande manifestation depuis le début des pourparlers de paix avec les palestiniens. Yitzhak Rabin est sur le podium, acclamé par la foule, cette foule qui vient le soutenir et lui réitérer sa confiance suite aux attaques dont il est sujet depuis plusieurs semaines. Attaques immondes, caricatures, menaces de mort, tout cela fomenté par la droite et l'extrème droite. Mais ce soir Yitzhak chante, il chante à pleine voix le chant de la paix" (chir hachalom), il chante faux mais peu importe, c'est la joie, c'est l'espoir et la foule l'acclame. Mais ce soir, il prononce un discours dont il ne sait pas encore que c'est le dernier.

"J'ai été un soldat pendant vingt-sept ans, j'ai combattu aussi longtemps qu'il n'y avait pas de chance de paix, mais je crois qu'aujourd'hui cette chance existe. Le peuple veut la paix et s'oppose à la violence car c'est la violence qui mine les fondements de la démocratie israélienne. Il faut la dénoncer, il faut l'isoler, il faut la vomir...... la voie de la paix est préférable à la voie de la guerre. C'est un soldat qui vous le dit, un ministre de la défense, un homme qui a vu la douleur des familles en deuil.... c'est pour ces familles, pour tous les enfants de notre pays et, dans mon cas, pour mes petits enfants que mon gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour arriver à la paix....

La fête bat son plein,  les chanteurs se succèdent et la foule afflue.... Yitzhak Rabin quitte la tribune et descend l'escalier entouré de ses gardes du corps. Malgré les menaces de mort qu'il a reçues il est confiant, il n'a pas voulu du gilet pare-balle qu'on lui proposait...... au moment ou il s'apprête à rejoindre son véhicule, un individu s'approche de lui et tire trois balles à bout portant.

Il est un peu plus de 23 h 15 lorsque le médecin chef de l'hôpital Ichilov annonce le décès d'Ytzhak Rabin et plonge Israël dans la consternation. Le peuple pleure,  et le pays s'illumine de petites bougies pour honorer le soldat de la paix.

Lundi 6 novembre, à 14 heures, toutes les sirènes du pays retentissent à l'unisson pour marquer le début des funérailles. Le pays s'arrête pendant deux minutes pour saluer la mémoire de cet homme de paix. Des hommes, des femmes, jeunes, moins jeunes sont venus des quatre coins du pays et se massent près du cimetière du Mont Herzl à Jérusalem où Yitzhak Rabin va être inhumé dans le carré des grands des nations.

Beaucoup de chefs d'état sont présents, plus de 80 pays sont représentés et les discours se succèdent.....L'émotion est intense, malgré le soleil il fait froid....  Noa, petite fille d'Yitzhak Rabin prend la parole, de sa frêle voix entremelée de sanglots elle rend un émouvant hommage à son grand père, ce grand-père tant aimé..... le temps s'arrête, et Noa fait pleurer le monde entier.....

"Grand-père, tu étais la colonne de feu qui brûlait devant notre camp. Maintenant le feu s'est éteint et nous avons froid. Maintenant nous sommes abandonnés, nous sommes seuls dans le noir. Il fait si froid et nous sommes tristes. Je sais que les gens parlent d’une catastrophe nationale, mais comment peut-on consoler un peuple entier et lui faire partager sa propre douleur lorsque grand-mère pleure sans arrêt, et nous, muets, ressentons le grand vide créé par ton absence. Peu te connaissaient réellement. Tu étais et tu es toujours notre héros. Je veux que tu saches que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait en te prenant pour exemple... je n'ai pas soif de vengeance car la douleur occupe toute la place dans mon coeur... je demande aux anges qui t'accompagnent de veiller sur toi et de le faire sérieusement car tu le mérites. Nous t'aimerons toujours grand-père, et moi je n'oublierai jamais ton demi-sourire."

12 ans déjà, et j'ai l'impression que c'était hier. Je me souviendrais toujours de ce moment ou j'ai entendu cette terrible nouvelle. Il m'a fallu un bout de temps pour réaliser.... et comme le peuple d'Israël, le chagrin s'est emparé de moi.

Ce matin, 24 octobre 2007, c'est l'anniversaire de sa mort (dans le calendrier hébraïque). Je me suis rendue place des Grands Rois d'Israël, -cette place porte le nom d'Yitzhak Rabin maintenant- afin de saluer la mémoire de cet homme exceptionnel et je me suis rendue compte que l'émotion reste intacte. J'ai allumé ma petite bougie du souvenir.....

 

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Très vite des gens se sont joints à moi et puis un groupe d'écoliers est arrivé, les enfants avaient chacun une fleur à déposer sur la stèle.... instant très émouvant... envie de retenir mes larmes, pourquoi.... je ne sais pas.....je regardais ces enfants dont certains n'étaient même pas nés lorsque Rabin a été tué.....et j'écoutais les professeurs expliquer ce qui c'était passé ce jour de novembre 1995.....

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A 14 heures, cet après-midi,  les membres de la famille Rabin se réuniront dans les bureaux du Premier ministre. Les commémorations officielles débuteront à 15 heures sur le Mont Herzl, à Jérusalem, où repose l'ancien Premier ministre. Le président de l'Etat Shimon Pérès prononcera un discours à cette occasion. Et enfin, à 17 heures, la Knesset tiendra une session spéciale en souvenir de Rabin. Un grand rassemblement est prévu samedi soir prochain 3 novembre 2007 sur la place Rabin de Tel Aviv.

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Les enfants se sont mis à chanter et je suis partie discrètement, c'était trop émouvant et il y avait de plus en plus de gens qui arrivaient pour se recueillir. Ca m'a fait chaud au coeur de voir cela, constater que la ferveur reste la même et que personne n'oublie malgré les années.

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J'ai repensé tout à coup à ce qu'avait dit Léah Rabin lors d'une manifestation quelques jours après la mort de son mari :

"vous avez été trop silencieux. Vous l'avez laissé seul face aux cris de la haine".... elle avait alors levé les yeux vers le ciel "si tu voyais tous ces gens Yitzhak, si je pouvais te raconter tout ce qui se passe dans ce pays depuis ton décès, tu ne le croirais pas"

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shalom haver