SAINT JEAN D'ACRE PARTIE 1
Située au nord de la baie de Haïfa, elle embrasse la mer et s'étire langoureusement sur des eaux azur. Mosquées, églises, minarets, vieilles tours et bâtiments se dressent fièrement vers le ciel et dominent cette cité antique protégée par une muraille qui surplombe la mer et sublime ce lieu enchanteur. Lorsque vous pénétrez dans la vieille ville, vous vous retrouvez projeté dans le passé, subjugué par les différents peuples qui ont vécu ici et qui ont laissé leurs empreintes religieuses et architecturales. Orient et Occident se mélangent pour notre plus grand plaisir.
Dans l'antiquité, Akko était, grâce à la profondeur de ses eaux, un important port commercial de la méditerrannée, porte entre l'orient et l'occident où transitaient de nombreuses marchandises. Cette cité apparaît pour la première fois dans la bible sous le nom de "Akko" qui est encore à ce jour, son nom en hébreu. A l'époque, la ville appartient à la tribu d'Asher (l'une des douze tribus d'Israël) et tout le monde y vit en paix. Deux siècles plus tard, elle fait partie de l'empire du roi David. En 332, elle est conquise par Alexandre le Grand qui la rebaptise "Ptolemais". En 47, Jules Cesar foule le sol de Akko et quelques années plus tard, Herode part à la conquète de la terre sainte. En 636, la ville est prise par les arabes qui lui rendent son nom de Akko et quatre siècles plus tard, les croisés en font leur capitale, et elle prend le nom de St Jean d'Acre. Elle appartiendra ensuite aux Mamelouks en 1291 qui mettront fin à la domination chrétienne et sera ottomane. En 1918, à la fin de la seconde guerre mondiale, elle passe sous mandat britannique qui contrôle alors la Palestine. En mai 1947, elle est conquise par la Haganah (mouvement juif) et est intégrée à l'Etat Israélien qui vient de naître. Ce sont ces fragments d'histoire que nous allons découvrir ici en parcourant les vestiges et les traces laissés par le passage de chaque peuple. Nous allons déambuler dans les ruelles de cette ville, toucher les pierres chargées d'histoire, humer les odeurs des épices du souk et écouter au loin le brouhaha qui nous vient du petit port de pêche où de jeunes et moins jeunes marins sont à pied d'oeuvre, tissant leur filet, partant pour le large ou revenant avec une pêche miraculeuse. Partons à la rencontre de Beaudoin 1er ou encore de Saladin, contemplons les vestiges de Richard Coeur de Lion et des mamelouks, asseyons nous au côté des franciscains et des dominicains de l'empire ottoman, c'est un voyage riche d'histoire et de culture que je vous propose, ne perdons pas de temps....
La crypte
La grande salle des chevaliers
Le réfectoire
a
Autre salle
Pilier des voutes du réfectoire
La Citadelle
Le St Jean d'Acre des Croisés possédait 38 églises et abritait une population de 50 000 personnes. Durant des siècles, les ruines de cette ancienne cité sont restées visibles, mais au 18 ème, lors de la reconstruction par l'empire Ottoman, la cité antique a peu a peu disparu sous la nouvelle ville. Lors de la conquète de St Jean d'Acre par les mamelouks, les survivants de l'ordre des croisés ont réussi à s'échapper par la voie maritime et s'installèrent à Chypre.
La Mosquée El Jazzar
On ne voit qu'elle avec son splendide minaret de pierres qui se dresse dans le ciel et semble parler aux nuages. Elle porte le nom de son fondateur, Ahmed El-Jazzar qui a bâti les plus beaux bâtiments de la cité et qui est enterré dans la cour de la mosquée.
Cette mosquée se trouve sur l'emplacement d'une église Byzantine qui fut détruite par les arabes après leur première conquète de la ville. St Jean d'Acre possède 7 mosquées en tout et la majorité de la population qui vit à l'intérieur de la cité (à peu près 10 000 personnes) est musulmane.
Les murs sont décorés d'arabesques en incrustation de marbre et céramiques colorées, avec inscriptions de textes en arabe. Au mileu le mihrab, une niche tournée vers la Mecque qui indique la direction vers laquelle les fidèles doivent s'agenouiller pour prier. A droite, une chaire en marbre pour faire le sermon du vendredi. A l'étage il y a une galerie pour les femmes et dans un coin de la galerie il y a un coffre fort qui contient des cheveux qui auraient appartenu au prophète Mahomet.
Cour de la mosquée ou est enterré El-Jazzar
Extérieur de la mosquée qui donne sur la cour
Ahmed El-Jazzar était un grand guerrier, un grand bâtisseur mais c'était aussi un homme cruel. Chaque ouvrier qui faisait la moindre erreur sur les chantiers de construction était puni et enterré vivant. On peut donc supposer qu'il n'est pas le seul à être enterré dans la cour des mosquées !!
SAINT JEAN D'ACRE PARTIE 2
Il fait bon se promener dans les ruelles de St Jean d'Acre. Les vieilles pierres des petites maisons apportent un peu de fraîcheur à cet endroit baigné de soleil, parfois un arbre se dresse entre deux murs et on se demande bien comment il arrive à s'y épanouir. Quand la ruelle se fait un peu plus bruyante, on sait tout de suite que l'on arrive dans la partie du souk et c'est un vrai plaisir d'y déambuler.
Le souk el-Abayd, vieux de deux siècles reste le marché oriental typique par excellence, une rue sans fin, bordée de boutiques de chaque côté et qui vous emmène au coeur de la cité. Ici on trouve de tout, des épices, des tissus, des poteries, des vêtements, c'est un enchevêtrement de marchandises qui nous ravit les yeux. Il y a aussi cette odeur des marchés orientaux qui nous arrive et c'est agréable. On entend le marchand héler le client et vanter sa camelote en hébreu, en arabe, en anglais et on peut facilement marchander. Il est amusant de constater que ce souk n'est pas la première rue commerçante de St Jean d'Acre même si elle en a l'allure. On se demande alors comment est la principale rue commerçante de cette cité... est-il possible qu'il y ait encore plus de monde et de boutiques ?
Nous quittons cet espace grouillant de monde pour nous retrouver au calme des ruelles. Nous prenons la direction du port. Le chemin est plaisant les petits pavés qui y mènent parfois glissant. La rue est en légère pente mais lorsque l'on arrive au bout on est stupéfaits par le paysage.
A l'époque des croisés, 80 navires mouillaient à la fois dans les bassins intérieurs et extérieurs de la ville. Acre était le lieu de passage menant vers Damas et l'orient. De nombreuses flottes partirent de ce port pour aller attaquer l'Egypte et l'Afrique du Nord. Au 9ème siècle de notre ère, les arabes firent de gros travaux et construisirent un port intérieur qui était fermé le soir afin d'empêcher toute attaque venant de la mer. C'est dans ce port que débarquèrent les armées en route pour Jérusalem.
Le port aujourd'hui très ensablé n'est accessible qu'aux petits bâteaux et les gros bâtiments posent l'ancre dans le port de Haïfa qui se trouve au sud d'Akko. La baie d'Akko qui sépare les deux villes s'appelle d'ailleurs maintenant la Baie de Haïfa.
Les murailles qui entourent la cité furent édifiées par un chef bédouin "Daher El-Amar" et par Ahmed El-Jazzar, le bâtisseur de la mosquée dont je vous avais fait remarquer la cruauté dans le billet précédent. Daher El-Amar, s'installa à Acre en 1759, il décida de rebâtir la ville sur les ruines des croisés et fit ériger cette impressionnante muraille. Après 25 ans de règne, Daher fut assassiné et les trucs qui étaient les maîtres du pays nommèrent El-Jazzar gouverneur d'Acre.
En 1799, sous le règne de El -Jazzar, Napoléon, après avoir pris toutes les autres villes côtières, abandonna l'idée d'occuper Acre, les murailles édifiées par le cruel gouverneur protégèrent la cité et l'armée napoléonienne après avoir fait deux mois de siège, ne réussit qu'à opérer des brèches dans le mur. Après la retraite française, El-Jazzar renforca les murailles. En 1831, une armée Egyptienne parvient à faire une brêche dans le mur et s'empara de la ville. En 1840, les fortifications furent très endommagées par un bombardement britannique venant de la mer et qui mit le feu à un dépôt de poudre. Les murailles furent réparées et laissées en l'état. Ce sont ces murailles que nous pouvons voir actuellement lorsque nous faisons le tour de la cité.
Cinq tours sont édifiées dans la muraille pour faire le guet et des centaines de canons étaient en position sur les murailles pour défendre la vieille ville. Il reste encore quelques canons, les autres ayant été démontés au cours de la seconde guerre mondiale pour servir de métal.
Il y a trois caravansérails (encore appelés "khans") au sud est de la ville ville. Le khan "E-Shawarda", bordé de colonnes autrefois superbes est aujourd'hui en mauvais état. Le Khan "El-Faranj (khan des Francs) était à l'époque des Croisés une auberge vénitienne qui accueillait les hommes d'affaires venant de Venise et le Khan "El-Umdan (auberge des colonnes) qui est le plus beau et le mieux conservé. Une tour turque surplombe ce khan, c'est l'horloge la plus photographiée de la ville.
La construction la plus importante qui se trouve à l'intérieur des murailles de la cité antique reste la citadelle qui a servi de quartier général en permanence aux différents peuples qui ont occupé la ville. Elle a été édifiée par El-Jazzar dans le but d'être la dernière forteresse qui résisterait même si le reste de la ville tombait aux mains des ennemis. El-Jazzar y entassait ses trésors parfois mal acquis. Plus tard, les britanniques en firent une prison et des prisonniers politiques juifs ou arabes y furent enfermés. En 1947, les mouvements de résistance "Lehi" et "Etzel" s'emparèrent de la citadelle. Cette citadelle accueille aujourd'hui le musée de l'héroïsme qui décrit les activités des différents mouvements de la résistance juive dans la période qui a précédé la création de l'état d'Israël ainsi que la vie des prisonniers dans cette forteresse.
Ainsi s'achève cette visite, il y a bien d'autres merveilles à voir dans cette vieille ville d'Akko, je n'ai mis ici que le principal. Je vous invite à y faire un tour si jamais vous venez en Israël, c'est un endroit qu'il faut absolument visiter.