Situé sur la Colline du Souvenir au Mont Hertzl à l'Ouest de Jérusalem, ce mémorial a pour mission de garder et perpétuer la mémoire et les leçons de l'holocauste pour les futures générations. Pour ne jamais oublier, pour que ça ne puisse plus jamais exister.
Le Yad Vashem a été créé en 1953 par une Loi du Parlement Israélien. Le nouveau musée pensé par Moshe Safdie, architecte Israélien, a ouvert ses portes en mars 2005, a côté de l'ancien.
La construction est en béton épais et pleine de symboles. Une impression de profondeur et de descente aux enfers, un combat permanenant pour la survie, des témoignages par le biais de vidéos, photos et objets ayant appartenu aux victimes, une sensation de froid, et enfin, au bout de l'immense hall, la lumière, une immense lumière distribuée par de grandes baies vitrées qui donnent sur la forêt et les collines.
Couloir central avec les salles disposées de chaque côté photo prise sur le blog de Bảo tàng Do Thái ở Jerusalem
Huit salles composent ce musée, elles sont disposées de part et d'autres de l'axe central. Dans la première on peut visionner un film qui retrace toute l'histoire de l'antisémistisme. La salle suivante est réservée exclusivement à la pologne parce que c'est dans ce pays qu'il y avait le plus grand nombre de juifs avant la seconde guerre mondiale.
Dans la troisième salle, on explique le sort réservé aux juifs d'Europe sous occupation nazie, puis nous traversons le ghetto de Varsovie avec des pavés, des rails, une terrible impression d'y être réellement.
Dans la quatrième salle nous avons à faire avec les polices spéciales chargées de traquer les opposants au 3ème reich et de ce fait les juifs. Atmosphère lourde dans la cinquième salle ou un train nous emmène vers les camps de la mort. La sixième salle pose les questions que nous nous posons encore et toujours, pourquoi personne n'a réagit, les autres pays étaient-ils au courant de ce qui se passait dans les camps de concentration. Cette salle montre également le début de la résistance juive.
La septième salle est dédié aux combattants juifs, à la vie dans les camps, on retrouve des objets leur ayant appartenu, des vêtements. La huitième et dernière salle est celle de la vie et de la libération des survivants.
Outre les 6 millions de juifs assassinés par la machine Nazie pendant la seconde guerre mondiale, on y honore aussi les résistants juifs du ghetto de Varsovie, les tziganes, les opposants politiques, les handicapés mentaux, les homosexuels qui ont eux aussi souffert du système nazi, ainsi que les Justes des Nations, (personnes qui ne sont pas de confession juive mais qui ont, par des actes sauvé une vie Juive).
Le hall du souvenir
Dès l'entrée dans le bâtiment le silence s'impose de lui même, j'ai l'impression d'avoir froid et de ne plus oser bouger. Cette impression me suit tout au long de ma visite. J'ai la gorge nouée et je suis perpétuellement au bord des larmes.
Photos, cartes, vidéos, objets et vêtements ayant appartenus aux déportés, livres, journaux de l'époque... rien n'est laissé au hasard et la documentation est vraiment parfaite. Je regarde les objets, les vêtements d'enfants, ces étoiles jaunes écrites en langues différentes, des lunettes cassées, des chaussettes reprisées tant bien que mal, un cahier d'enfant et j'ai la haine, je me demande comment un être humain est capable de faire ça et comment un autre peut laisser faire ça, comment une telle horreur a pu se produire au 20 ème siècle. Je ne comprends pas, personne ne comprend, on ne peut pas comprendre....
J'arrive devant un monticule où sont entassées de vieilles chaussures, je fixe pendant un long moment une chaussure d'enfant. Tout ce que j'ai appris sur la Shoah, à l'école, dans les livres ou dans les films ne sont rien à côté de ce que je découvre, je me prends à cet instant toute l'ignominie en pleine figure et là je réalise doublement parce que peux voir les objets et palper la réalité.
Je reprends vite mes esprits car tout à coup mon attention est attirée par un vieux Monsieur qui chante très fort un chant en yiddish.... je m'approche de lui et les amis qui m'accompagnent font de même.... il est assis devant une vidéo et il chante, il chante.... il ne sait même plus qu'il est là....il chante de plus en plus fort ...
Sa fille est à côté de lui, elle essaie de le résonner mais lui il n'entend pas, il est dans la chanson, les yeux fixés sur l'écran.... alors sa fille gênée nous explique qu'il est un rescapé de la Shoah, ils vivent aux USA et ils sont venus ici pour se souvenir..... il était enfant à l'époque et cette vidéo le transporte 60 ans en arrière.....A l'instant présent il redevient cet enfant prisonnier des barbares et il chante les paroles de la chanson sans se tromper, rien ne peut venir le perturber.
Nous restons figés comme des statues, nous n'osons plus faire un geste par respect pour cet homme assis là devant nous, le temps s'arrête.... on se regarde avec nos amis, tout le monde pleure et je m'en vais sans bruit, l'émotion est trop forte.
Photo prise sur le blog de Bảo tàng Do Thái ở Jerusalem
Une belle terrasse avec vue panoramique sur les arbres, la nature, les monts de judée termine notre visite, c'est la bouffée d'oxygène que j'attendais.... cette vue est si belle, si calme, les arbres semblent immobiles et même les oiseaux se taisent comme par respect.
Une légère brise fend l'air, on semble apaisé, si cette terrasse est là ce n'est pas un hasard, après la souffrance de ces 6 millions de personnes c'est la liberté qui est là à leurs pieds, cette liberté qu'ils n'auront jamais...
Et je leur donnerai, dans ma demeure et dans mes murs, un monument (YAD), un nom (SHEM) qui ne périra point (Isaie 56)